ALFI, loger et accompagner pour un parcours résidentiel réussi

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Flash initiatives locales
N°166
juillet-août 2018
Le Flash est un journal mensuel, dans lequel vous pouvez retrouver les initiatives locales, sociales et innovantes,
menées par l’ALFI, les ESH et sociétés coopératives HLM du Groupe Arcade-VYV.

Retrouvez dans ce numéro du Flash, les initiatives locales, sociales et innovantes, menées par l’ALFI et les ESH du Groupe Arcade : Aiguillon construction, Antin Résidences, France Loire, Mésolia, Norevie, SFHE.



EMPP MAISON-BLANCHE

L'Équipe Mobile Psychiatrie Précarité : un acteur majeur de la prise en charge des personnes en souffrance psychique

La transformation de l’hôpital psychiatrique en 1995, pose la nécessité de trouver un mode de réponse adaptée aux personnes en souffrance psychique, au sein de la société.

 


C’est dans cette optique et à titre expérimental, que le réseau santé mentale et précarité est créé en 2001. En 2005, un décret permet la pérennisation de ce dispositif, renommé Equipe Mobile Psychiatrie et Précarité. Sur Paris, l’EMPP est composée de 4 professionnels : 2 infirmiers et une assistante sociale à temps plein, 1 psychiatre à mi-temps. Cette équipe intersectorielle est rattachée administrativement à un pôle transversal du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT). 

L’équipe gère les situations sur la partie Nord Est de Paris. Ses missions sont les suivantes : 
- Prévenir et gérer les situations de « santé mentale » 
- Favoriser l’accès et le maintien aux soins psychiatriques et somatiques
- Faciliter les liens entre le « secteur social », le « secteur médico-social » et le « secteur sanitaire »

Elles se traduisent par des actions telles que :
l’évaluation des situations présentées par les structures, des réunions de synthèse clinique ou de soutien auprès des équipes sociales, la sensibilisation et formation des équipes sociales et médico-sociales, des rencontres de la personne sur son espace de vie en vue d’une évaluation clinique et si nécessaire accompagnement vers un dispositif de soins adapté, la participation aux différents réseaux sanitaires et sociaux en lien avec des personnes précarisées.

 

ALFI

Nouvelle recherche universitaire, dans le cadre du "logement d'abord"

L’ALFI met au point une nouvelle recherche universitaire au sein du Groupe Arcade, en partenariat avec le LEPS EA3412 de l’Université Paris 13. Il s’agira cette fois de s’inscrire dans la thématique très actuelle du logement d’abord. En effet, à travers le plan quinquennal 2018-2022, les pouvoirs publics comptent « résoudre les impasses de l’hébergement en orientant rapidement et durablement les personnes sans domicile vers le logement ».

 


Cette recherche questionnera la manière dont la personne ayant vécu une situation de « sans-abrisme », y compris des troubles de santé mentale, s’approprie (ou pas) son logement à partir du moment où elle intègre un logement durable.

Deux concepts seront utilisés : celui de l’identité-logement basé sur le sentiment de continuité de la personne, permettant d’appréhender les différentes ruptures rencontrées par l’individu dans son parcours résidentiel (au moment de la perte de son logement mais aussi de son recouvrement) et les apprentissages et stratégies qu'il met en oeuvre. Le second concept concernera la notion de rétablissement, utilisé en psychiatrie et basé sur le processus de changement possible vers une façon de vivre plus épanouie pour les personnes atteintes de maladie mentale.

La finalité de cette recherche permettra de questionner et d'enrichir les modes d’intervention des ESH (y compris dans leurs partenariats avec des structures de santé ou médico-sociales).

Les prochaines étapes d’ici la fin de l’année 2018 seront la constitution d’un comité de pilotage au sein du Groupe, la définition des terrains volontaires (ESH, pensions de famille ALFI), et la recherche de financements.

 

MÉSOLIA

Le projet ARI ASAI : un projet expérimental multibailleurs

Les bailleurs sociaux sont confrontés à la présence, dans leurs ensembles immobiliers, de locataires présentant des troubles de comportement chroniques qui se manifestent par de l’agressivité, de la violence, des comportements atypiques…et qu’ils ne parviennent pas à traiter seuls.

 


Ils peuvent également être amenés à repérer des situations de repli, d’isolement….

Les définitions de santé mentale sont larges et multiples, allant de la détresse psychologique aux pathologies mentales avérées par le corps médical. La prise en charge de la santé mentale ne réside aujourd’hui pas uniquement dans l’action médicale, mais aussi en grande partie dans les qualités de l’environnement social et affectif des individus en souffrance. Ainsi, pour un bailleur la santé mentale est une question de cohésion sociale avant d’être médicale.

Certains troubles de voisinage peuvent se révéler complexes à résoudre en raison de leur durée, de leur répétition....La plupart de ces situations sont régulées par une procédure adaptée du bailleur mais cette procédure est parfois insuffisante voire inopérante.

C’est pourquoi Mésolia, et deux autres bailleurs girondins, se sont associés pour lancer le projet expérimental ARI ASAI * en septembre 2016, en partenariat avec l’Equipe Mobile OPH. Il vise à prendre en charge des situations de locataires en souffrance psychique, invalidant leurs « capacités à habiter », dans son acceptation la plus large.

ARI ASAI intervient sur 3 axes :

- auprès des personnels des bailleurs : intervention en appui auprès des différents corps de métier du bailleur en contact avec les locataires, permanence téléphonique, proposition de modules de sensibilisation à la santé mentale et soutien pour mieux appréhender les situations complexes

- auprès des locataires : visite à domicile, évaluation de la demande du locataire, investigation autour de la situation signalée, organisation de réunions de synthèse avec les partenaires concernés, mise en place d’un accompagnement de transition auprès du locataire, proposition de pistes pour que le locataire soit réintégré à un circuit de prise en charge qui lui permettrait de vivre mieux en restant dans son logement

- par la mise en place ou la réactivation d’un réseau partenarial local autour de la situation signalée : mobilisation des partenaires, positionnement comme interface entre les différents acteurs impliqués dans la prise en charge du locataire et son rétablissement

Depuis le démarrage de ce projet, qui s’est déroulé à Bordeaux Métropole, 21 situations de locataires ont fait l’objet d’une intervention de l’équipe OPH.

 

*L’association ARI a pour objet d’accompagner des enfants, adolescents et adultes souffrant de difficultés psychiques, en leur fournissant, ainsi qu’à leur famille, l’aide thérapeutique, socio-éducative et sociale susceptible de favoriser leur insertion sociale et professionnelle. L’association ARI compte 12 établissements et services, dont ARI ASAI.

 

 

 

Aiguillon construction reçoit le 2nd prix du jury lors du Trophée de l'Utilté Sociale

AIGUILLON CONSTRUCTION

Favoriser l’accès ou le maintien au logement autonome des publics présentant un trouble de santé mentale

Dans le cadre d’une réponse à l’appel à projet de 2014 « 10 000 logements accompagnés », Aiguillon construction a participé à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un dispositif interbailleurs « 300 logements accompagnés » pour favoriser l’accès et le maintien dans un logement autonome des personnes présentant des troubles de la santé mentale.

 


La réussite de ce dispositif est fruit d’un travail partenarial historique entre les bailleurs du 35 et le pari de créer un accompagnement ad hoc avec les associations d’accompagnement du médico-social, financé et soutenu par le Conseil départemental et les EPCI du département 35.

Le bilan du dispositif réalisé en  2017 révèle que ce sont un peu plus de 200 personnes résidant tant en secteur rural qu’en secteur urbain qui ont pu bénéficier d’un accompagnement. 

La réussite du dispositif réside dans la mise en œuvre d’un accompagnement par un tiers de la relation bailleur-locataire qui a pu favoriser le maintien dans le logement alors même que des procédures contentieuses étaient en cours.   

Pour l’accès, une prise en charge médico-sociale avant la mise en place d’un SAVS améliore la fluidité du parcours résidentiel. Ainsi accompagné, le ménage peut intégrer un logement pérenne du parc social et réussir son insertion dans son nouvel habitat (appropriation des lieux, relations facilitées avec le bailleur).

crédit photo@G. Ayer 

 

FRANCE LOIRE

Un groupe de travail « Santé mentale et Logement » à Bourges

À la fois espace de concertation et de coordination pour les professionnels, cette instance favorise le partenariat autour de la question du logement des personnes atteintes de troubles mentaux. Elle est indispensable à l'action sociale dans ce domaine très spécifique.

 


Le groupe de travail « Santé mentale et Logement » a été lancé par le centre communal d’action sociale de Bourges (18). Il est ouvert à tous les acteurs intéressés par la thématique : centre hospitalier spécialisé, bailleurs sociaux, organismes tutélaires, assistants sociaux, …

Les enjeux de cette mise en commun des expertises, des connaissances et des savoir-faire, sont doubles :
- concilier l'attribution d'un toit pour chacun et le maintien de la tranquillité pour tous,
- aider les professionnels sur le terrain dans l’accompagnement des personnes présentant des troubles psychiques/en souffrance psycho-sociale*.

Deux temps forts rythment le groupe. Le premier est une séance plénière, au cours de laquelle les participants mettent à jour les pratiques professionnelles. Le deuxième est organisé à la demande. Il s'agit d'un groupe restreint, qui permet d’évoquer, de manière anonyme, des situations concrètes rencontrées au quotidien. 

 « Ces temps d’échange et de partage sont très utiles » témoigne Corinne Bertrand, conseillère sociale France Loire. «  La recherche, ensemble, de pistes concrètes dans la prise en charge d’une situation est un plus ! Parfois, cela permet aussi de se rassurer sur ses propres pratiques ».

L'intérêt opérationnel du groupe de travail est avéré. Il permet la prise en compte de paramètres élargis et la recherche d'options concertées. La  pertinence des solutions proposées est ainsi accrue. Son action reste toutefois limitée. L'intervention des professionnels de la santé mentale ne peut se faire que si le locataire en fait la demande. Ce reliquat de cloisonnement est préjudiciable au diagnostic global.

Plus que jamais d'actualité, la gestion locative de la déficience mentale nécessite un partenariat soutenu que le groupe de travail spécialisé est à même de porter. Il faudrait cependant encourager la participation du corps médical pour « aller vers » les habitants et élargir cette concertation à l’ensemble du département.
 
 
*comportements atypiques ou agressifs, troubles de voisinage, situations de repli sur soi ou d’isolement susceptibles de mettre la vie des personnes en danger, refus de soins, situations d’incurie (hygiène) dans le logement,…