Recherches universitaires

L’ALFI mène des recherches au service des entités du Groupe Arcade Vyv, traitant de problématiques en lien avec le logement social et la santé. Cette mission s’effectue en partenariat avec le Laboratoire Educations et Promotion de la Santé de l’Université Sorbonne Paris Nord (https://leps.univ-paris13.fr/presentation ). Ces recherches s’appuient sur le concept d’identité-logement.

« L’Identité-Logement (Trévidy et al., 2015) est une forme d’identité, située plurielle et construite (Muchielli, 2021), que l’individu développe dans son rapport au logement. La façon de percevoir son logement, ses espaces, ses meubles ou ses objets, dépend de cette singularité identitaire propre à chaque habitant, et influencée par ses valeurs, par ses connaissances, et par ses émotions. L’identité-logement va orienter les manières de se projeter dans son logement, de s’y installer, de s’y comporter et de créer son chez soi. Et par ricochet, les personnalisations et usages déployés par la personne au sein de son espace de vie vont lui permettre de s’y définir et de faire évoluer cette identité. La personne crée ainsi un chez-soi, espace d’identité et d’intimité (Serfaty-Garzon, 2003) en harmonie, avec ce qu’elle est, ou ce qu’elle souhaite devenir. La notion de liberté est importante à considérer dans cette construction identitaire, relative aux choix effectués pour fonder son propre mode de vie. Ce processus identitaire n’est pas exempt des relations interpersonnelles au sein de l’environnement. Ainsi, le sens donné à l’Identité-logement et les intentions qui guident sa construction, sont également dépendants de la relation à autrui, aux institutions, aux normes et représentations sociales, au sein de l’écosystème » (https://journals.openedition.org/sas/3290).

Ces recherches sont collaboratives c’est-à-dire qu’elles associent les populations concernées, (habitants, professionnels du logement social, de la santé et du social), à la réalisation du protocole. Ainsi, par exemple, plusieurs résidents de pension de famille ayant auparavant vécu à la rue, ont pu devenir des co-chercheurs en étant formés aux techniques de la recherche et associés à différentes étapes, que ce soit dans l’élaboration des guides d’entretien, le recueil des données, leur analyse et la diffusion des résultats.

Pour rendre compte de ces recherches nous avons publié des articles dans des revues scientifiques, rédigé des rapports de recherche (voir publications scientifiques), communiquer à plusieurs voix dans des colloques mais aussi fait appel à un réalisateur pour donner à voir le travail collaboratif, et les productions de la recherche d’une part, et pour créer des supports à destination des chercheurs souhaitant travailler en collaboration avec des personnes concernées, d’autre part.

Par ailleurs, les projections en salle du film documentaire « Dehors-Dedans » réalisé par François Havez, accompagnées de débats entre le public, le réalisateur, les chercheurs et co-chercheurs résidents ont permis de discuter des enjeux liés à ce type de recherche, et surtout faire connaître dans plusieurs villes de France, le dispositif des pensions de famille et les parcours des résidents qui y vivent (voir Publications scientifiques/ Filmographie François Havez).

Au-delà de la diffusion des résultats scientifiques, ces recherches collaboratives ont surtout une visée de transformation sociale.

Ainsi, la recherche auprès des locataires seniors d’Antin Résidences (IdF), d’Aiguillon Construction (Bretagne) et de Norevie (Hauts de France) menée entre 2014 et 2018, et visant le maintien à domicile des locataires âgés, a permis de modéliser le programme « j’adapte et je reste chez moi », permettant d’associer le locataire à l’élaboration de son projet d’adaptation du logement pour faciliter ses usages et prévenir les chutes à domicile. Les professionnels mettant en œuvre le programme sont des ergothérapeutes, des professionnels de l’organisme de logement social et des professionnels du bâtiment. En 2021, ce programme a été déployé auprès des 13 organismes du Groupe Arcade Vyv. Au 31/12/23, 1414 locataires âgés de 60 ans et plus, ont été visités par un ergothérapeute dans le cadre du programme « j’adapte et je reste chez moi ». 53% avaient un antécédent de chute dont 37% un risque élevé de chute. 8% des personnes étaient en situation d’isolement, et 39% en situation d’exclusion numérique. 22% bénéficiaient de services d’aide à domicile. Sur les 1388 rapports transmis par les ergothérapeutes (projets) aux organismes HLM, 93% comprennent des aménagements architecturaux, 69% des aides techniques, 13% des aides humaines, 9% des aides technologiques. 15% répertorient des besoins en téléassistance.

Une seconde recherche menée dans le cadre du « Logement d’abord » et intitulée « Apprendre à vivre avec son logement après un parcours sans domicile : mieux comprendre pour enrichir les pratiques d’accompagnement », s’est déroulée de janvier 2019 à septembre 2023. Elle visait à comprendre comment les personnes, développaient leur identité-logement lorsqu’elles accédaient à un logement pérenne (en pension de famille ou en logement social classique). A partir de cette compréhension, il s’agissait de questionner l’accompagnement global à mettre en œuvre pour créer un environnement propice au développement de leur pouvoir d’agir et à l’appropriation de leur logement. Cette recherche s’est déroulée en deux phases : une première phase sur les pensions de famille gérées par l’ALFI, avec pour cible des résidents ayant connu un parcours sans domicile et vivant seuls dans leur logement ; une seconde phase dans le parc social d’Antin Résidences, avec pour cible des familles monoparentales précédemment logées à l’hôtel (suivies par la Croix-Rouge française) et accompagnées par l’ALFI dans le cadre de leur relogement dans des logements sociaux d’Antin Résidences.   

Les résultats ont permis de proposer une liste de 10 capabilités liées à l’identité-logement des personnes sans domicile ayant accédé à un logement pérenne et d’identifier des facteurs contribuant à mener un accompagnement global favorable au développement de ces capabilités. Les résultats de la recherche sur les pensions de famille ont permis de mettre en place des ateliers coopératifs sur les résidences dans le but de promouvoir l’appropriation du logement, un hébergement de tiers plus souple, et une meilleure connaissance de la pérennité du logement. Les résultats de la recherche sur les familles monoparentales seront intégrés à l’accompagnement global dans le cadre d’une nouvelle intervention « sortie d’hôtels », ayant reçu un financement de la DRHIL et qui associera l’ALFI, la Croix Rouge Française et Antin Résidences.